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CONFLITS-CLES ET DOUBLE-LIENS

Posté le jeudi, 11 juillet, 2024

Nous sommes des êtres ambivalents et nous hésitons souvent dans nos choix pour éviter de nous tromper mais nous finissons toujours par prendre une décision. Le dilemme de base est le choix entre le bien et le mal. Les oscillations persistantes entre deux positions opposées sans prise de décision constituent des conflits-clés. Le double lien est une double impasse sans issue.

En cas d’opinion divergente par rapport à quelqu’un d’autre, je suis en conflit d’opinion mais cela n’affecte pas mon intégrité personnelle car le contradicteur est extérieur à moi. Si ces affrontements d’idées se déroulent dans ma propre tête, ils deviennent alors des préoccupations persistantes suscitant de vives émotions. Ces oscillations constantes entre deux positions opposées, sans prise de décision, constituent des conflits-clés. Il s’agit d’un véritable clivage comme s’il y avait deux volontés divergentes en moi. 

Le double lien est une double impasse sans issue. Je peux aller dans un sens mais je reste bloqué et si je vais dans l’autre sens il n’y a pas d’issue non plus. L’exemple classique est un enfant avec des parents toxiques. L’enfant ne peut pas s’en sortir tout seul car il a besoin de ses parents mais à chaque fois qu’il s’approche de ses parents, ces derniers ne répondent pas à sa demande et l’utilisent pour leurs propres intérêts. L’enfant ne peut donc pas se construire et sans aide extérieure, il ne peut pas se libérer de cette double contrainte. Beaucoup de vies sont complètement bloquées par des injonctions paradoxales. 

Un passé de négligences conduit souvent à la conviction personnelle que sans aide je ne peux pas y arriver (première impasse) et que personne n’est disponible pour m’aider (deuxième impasse). « Je n’arrive pas à me débrouiller tout(e) seul(e) et personne n’est là pour m’aider’’. L’origine de ce double lien se situe souvent dans l’enfance où l’absence d’encouragement ou l’hyper-protection n’ont pas permis de s’exposer à la tâche et de prendre confiance. La personne peut très bien réaliser les choses en présence de quelqu’un d’autre mais elle se sent totalement incapable de les assumer toute seule. Ce sont les craintes et les autodénigrements qui agissent comme des interdits m’empêchant de m’atteler à la tâche. La deuxième impasse ne peut pas être débloquée car les autres ne peuvent effectivement pas toujours être disponibles pour moi. L’aide d’autrui n’est d’ailleurs pas judicieuse dans le cas où je peux me débrouiller tout seul car cela ferait perdurer le problème. Il va donc falloir affronter ces tâches malgré les craintes d’échec et ce n’est qu’à force de succès que je vais prendre conscience et confiance en mes capacités et finir par vaincre le ressenti d’incapacité de la première impasse.

Un passé d’abus peut se solder par le double lien suivant : ‘’Seule la soumission aux exigences des autres les rend abordables alors que la résistance à leurs exigences les incite à étendre leur emprise’’. L’abuseur d’autorité ne reconnaît que son point de vue et rien d’autre ne peut le satisfaire. Cette conviction est souvent liée aux abus de parents autoritaires. Céder à l’abuseur d’autorité peut calmer momentanément les tensions mais signifie aussi se sacrifier sans espoir d’amélioration car l’abuseur poursuivra ses exigences et pourrait même les renforcer. Résister aux exigences suscite de fortes émotions de crainte de représailles. Cependant, il n’est pas possible de mener sainement ma vie en abandonnant mes besoins et ma liberté. La seule solution est de prendre en compte mes propres besoins et d’analyser les demandes des autres. Face à des abuseurs d’autorité, la seule solution est de résister à leurs exigences et cela conduit souvent à les fuir, ce qui n’était pas possible dans l’enfance face à des parents abusifs. Seule la réalité des besoins de chacun doit dicter mon comportement et non pas les exigences des uns ou des autres. Nous pouvons être paralysés dans nos comportements par des pensées négatives suscitées par d’autres (dénigrements, menaces, interdits…). Seul le rétablissement de la vérité et de ma liberté permet de remettre en question ces abus et d’avancer. Vouloir compenser les dénigrements du passé par des fantasmes de grandiosité, de performance et de perfection est tout aussi illusoire et délétère.