U 2 R D P

L’IMITATION DE RENE GIRARD

Posté le jeudi, 11 juillet, 2024

René GIRARD a défini le désir mimétique (désir d’imiter) comme tirant son origine de la suggestion de quelqu’un d’autre. La relation étroite entre suggestion et imitation fait du désir mimétique, un désir réciproque, où la suggestion suscite l’imitation mais où l’imitation renforce aussi la suggestion. Cette imitation peut se compliquer de convoitise, de rivalité voire de rivalité métaphysique.

La publicité et les influenceurs nous inondent de modèles en tout genre pour nous persuader d’acheter leurs produits et d’adopter leurs comportements. Leur succès est évalué au nombre de ventes, de like et de suiveurs. Les neurones miroirs détectent les actions, les émotions et les intentions des autres. Nous avons tendance à répondre de manière pacifique à une approche de respect et de manière agressive à la violence. Nous pouvons aussi être à l’origine de la suggestion de ces états d’âme contagieux. Une personne joviale égaie l’atmosphère et incite les autres à la bonne humeur alors qu’une personne grincheuse plombe l’ambiance.

Les quatre modèles mimétiques de René GIRARD.

_ L’imitation simple : l’imitation simple d’un modèle est un moyen d’apprentissage très efficace. Le risque est d’imiter certaines personnes dans leurs possessions, style de vie et désirs car idolâtrer quelqu’un d’autre me détourne de moi-même.

_ La convoitise des biens des autres: le vide et l’ennui de l’être humain le poussent souvent à se comparer aux autres qui semblent dotés d’une plus grande plénitude de vie et à convoiter leurs biens. Et comme la satisfaction des objets acquis est toujours de courte durée, il faut toujours à nouveau se lancer d’autres défis.

_ La rivalité: La convoitise qui fait converger deux désirs sur un même objet suscite un conflit et attache la rivalité au désir. Toute rivalité devient aussi désir en raison de la victoire potentielle sur autrui. Le désir mimétique a besoin de rivalité pour perdurer et d’interdit pour se renforcer mais la rivalité ne peut s’imposer que par la violence.

_ La rivalité métaphysique :  C’est la primauté de la violence qui fait la force du désir mimétique car elle incarne le pouvoir de l’être et de l’autosuffisance divine. Dans le désir métaphysique, le modèle dominant devient tellement fascinant mais aussi l’obstacle majeur à dominer voire à abattre pour une question de prestige. Je ne peux tolérer aucun rival dans mon monde autoproclamé où je dois régner en maître absolu. L’aspiration au paradis est légitime mais suspecter son prochain d’être l’obstacle à abattre pour accéder au paradis terrestre de la toute puissance est une chimère.

Tout désir mimétique comporte ainsi une part d’admiration et d’affection pour le modèle que j’aimerais m’attribuer à moi-même en devenant comme lui et une part de convoitise, de rivalité voire de haine en raison de l’interdit incarné par le modèle. L’escalade de la rivalité me fait devenir comme mon rival en dehors du fait que je pense avoir raison et que mon rival a forcément tort, conduisant à l’indifférenciation des êtres prônée par René Girard dans le désir mimétique. Plus je cède aux sirènes de la convoitise et de la rivalité et plus je me détourne de ma propre individualité pour sombrer dans une totale indifférenciation de violence.

Seul le respect d’un interdit transcendantal permet d’éviter la convoitise, la rivalité et la violence car les interdits humains et même divins sont très souvent des incitations à la transgression. Les dix commandements de la Bible sont donc toujours d’actualité. Dieu s’y présente comme la référence de la liberté à suivre et à imiter (le bon mimétisme) et y donne aussi les indications pour éviter le mauvais mimétisme (idolâtrie, convoitise, rivalité, meurtre).